pharmaland le jardin des futurs pharmaciens
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 l'écorché vif

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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime05/03/10, 06:36 pm

Ma fenêtre donne sur un coin on ne peut pas plus moche. D’abord les voies ferrées longeant l’immeuble de si près que maintes fois j’ai cru, en entendant passer le train qu’il nous rentrait dedans, puis à coté, en parallèle, l’autoroute avec le bordel permanent des vroum poussifs de milliers de voitures roulant à toute allure, puis après il y’a la mer. En matière de bruit, je suis bien servi, il n y’a pas à dire. Mais on s’y fait. De toute façon, moi, je m’en accommode très bien et je crois que ça m’aide à mieux supporter ma solitude. Si elle était silencieuse, ma solitude, peut-être que j’aurais fais plus d’effort pour aller vers les gens, et j’aurais emporté leurs voix à eux pour meubler le silence de ma chambrette, après leur avoir longuement parlé. Sauf qu’ils ne vous donnent pas que leurs voix les gens, ils voudraient bien vous coller au passage leurs problèmes, leurs soucis, leurs tourments ; et tant d’autres choses pas très agréables en supplément, tout en exigeant que, pendant qu’ils parlent, vous réagissiez avec des grimaces à tout ça. Je m’en passerais, moi, de leurs voix comme du reste. Et puis mon visage ne m’aide pas trop, non plus, il faut le reconnaitre. Un train ou une voiture, ça pousse un râle, certes, mais c’est mécanique. Ça ne demande pas qu’on s’apitoie sur leurs sorts en échange les machines. Pas du tout comme ces pleurnichards d’hommes qui sont toujours là à demander quelque chose en retour, ça c’est sûr.

De l’autre coté de l’immeuble, c’est la rue H, une des artères les plus fréquentées de la capitale, où entre deux boutiques de fringues il y a un fast-food, et vice-versa. Ça explique, en partie peut-être, les chiffres records qu’enregistre cette rue en matière d’affluence. Bouffer et s’habiller, ça suffit à faire le bonheur du plus grand nombre. C’est l’époque. Cette H, au nom de qui la rue a été baptisée était, parait-il, une poseuse de bombe pendant la bataille d’Alger. Je me demande bien combien de jeune homme à la fleur de l’âge, comme moi, avait-elle défiguré, cette salope, avec ses sordides pétards. 20 ? 30 ? 100 ? 1000 peut-être. Je ne sais pas. Mais ce qui est sûr c’est que plus elle en aurait amoché, des gueules, et plus on aurait hissé son nom dans le firmament héroïque de notre belle et glorieuse légende nationale. Mais là, ce n’est qu’une rue, parce que je pense à l’émir Abdelkader, qui a toute une statue à son effigie, un colosse, grand comme ça, il avait dû péter des gueules et des gueules à lui seul pour qu’on ait érigé en son honneur un truc aussi grandiose. C’est ça, l’héroïsme se mesure aux misères infligées aux autres. On n’est héro qu’aux dépens des autres, et tant qu’il y aura des héros, il y aura des malheureux aussi.

Hier, au soir, boulevard de l’indépendance, j’ai vu un type, dont le visage m’a beaucoup intrigué. Je suis sorti comme à l’accoutumé vers 23h, j’ai pris la rue H qui était vide. Je en ai suivi les trottoirs cabossés et crasseux à la recherche de ma petite historiette physionomique jusqu’au rond point P dans lequel la rue se déverse impudiquement. Il est impressionnant ce coin là, c’est comme une clairière dans une jungle de bâtiments, c’est vaste et c’est vide, même la rumeur de la mer s’y déverse, langoureusement, dans le silence placide de la nuit. Le rond point est agrémenté d’un superbe jet d’eau transpercé de mille jeux de lumière, et le vent aussi léger soit-il, charge toujours l’air d’embruns qu’il subtilise au crachat cadencé de cet Etna urbain.

C’est juste après m’être engagé dans le boulevard de l’indépendance qu’il a commencé à pleuvoir, abondamment. Pour pas que je sois trempé, j’ai vite accouru vers un abribus, le premier que la rue ait mis sur mon chemin. Il était là, le gars dont je vous ai parlé, sous l’abribus. Il l’avait l’air d’attendre quelqu’un. Il regardait sa montre incessamment, et poussait un râle juste après. Ma présence ne devait pas le perturber lerche, puisqu’il n’avait pas regardé dans ma direction, sinon une seule fois, quand je l’avais rejoins à cet endroit. Il doit avoir mon âge à peu près, la vingtaine. Il a un visage palot et lisse orné de petits yeux tout ronds dont le clignement nerveux était accompagné d’une moue qui sollicitait presque tous les muscles de son visage. Un tic. Ça lui dessinait un sourire énorme, comme celui d’un clown blanc, cette contraction nerveuse, et des rides partout, sur le front et les tempes et les joues. Elle était drôle à voir sa tête. Quand ça tiquait, ça lui donnait les traits d’un vieillard puis quand ça ne tiquait pas, il reprenait son âge. Je crois que je l’avais déjà vu quelque part. Son visage m’est familier, mais j’ai beau cherché dans ma mémoire parmi mes souvenir les plus lointains, aucun que j’ai pu le lui associé.

Il n’est pas resté longtemps, quelques petites minutes, et le voilà embarqué dans une voiture. Deux heures après, il s’est arrêté de pleuvoir, je pouvais à mon tour reprendre mon chemin, le même par lequel j’étais venu. J’ai emporté avec moi, dans ma tête, le souvenir de la sienne aux traits si familier mais qui se refuse à m’en dire davantage. C’est la première fois qu’un visage se rebiffe contre mes regards questionneurs.


Dernière édition par Le crève-cœur le 05/03/10, 08:40 pm, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime05/03/10, 06:56 pm

emm...j'attends la suite,si suite il y a.
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime06/03/10, 02:08 pm

voici la suite rose.

J’ai repensé pendant une bonne partie de la nuit à ce mec de l’abribus. Et même que je ne suis pas sorti aujourd’hui juste pour me rappeler où j’ai bien pu le croiser. Nulle part ! Elle n’a rien de spéciale après tout sa tête, si ce n’est ce tic qui la lui ratatinait par moment. Mais elle est tenace, et pas causante du tout. D’habitude, lorsque je rentre de mes virées nocturnes, je mets, comme un masque, le souvenir encore frais de la gueule des gens que j’ai croisé, sur ma gueule, et je me laisse à vivre intensément leurs souvenirs, leurs rêves, leurs aspirations, enfin tout ce de quoi une vie est faite et dont, souvenirs à part, le destin m’a tristement privé. Mais sa tête à lui ne filtrait rien. C’est comme si elle ne s’emboitait pas tout à fait sur mon visage pourtant complètement poli après mon malheureux accident. J’ai beau la tourner, la retourner, rien, elle tenait à les garder ses secrets intacts et coute que coute.

Je chausse des souvenirs de visage. Il faut être taré pour le faire. Mais ce n’est pas de ma faute, c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour oublier que…………………..enfin, oublions !
Ce n’est pas sérieux non plus de lâcher les gens comme ça dans la nature après avoir été appelés sous les drapeaux puis baisés comme je l’avais été moi jusqu’au trognon. À présent, je me torcherai le cul avec leurs drapeaux. Je n’ai jamais eu de grandes convictions politiques, ni religieuses, ma modeste condition ne me permettait pas ce genre de coquetterie de l’esprit, mais il ne m’en a pas fallu beaucoup pour comprendre qu’il fallait juste cracher sans distinction sur l’une et sur l’autre, entremêlées. C’est bien normal, quand on a été embrigadé, de force, par des politiques, puis écorché à vif par des religieux. Chacun veut asseoir son pouvoir et a chacun sa méthode aussi. Quand l’un brandit le drapeau, l’autre invoque Dieu. Mais bien l’abri, bien sûr, qu’ils s’entortillent furieusement ces diseurs de bonne aventure quand ils vous promettent le panthéon ou le paradis, loin, bien loin de l’enfer des maquis où l’on vous envoie, comme de sales porcs, vous faire sauvagement étriper.
Le panthéon, moi, d’abord, je n’en ai rien à branler, surtout si j’y entre en inconnu, et le paradis je connais mille autres chemins pour y parvenir que celui qui vous y mène via la gueule d’un canon. C’est le chemin qui vous y conduit dare-dare, certes, mais, j’ai tout mon temps, moi, je ne suis pas pressé et je préfère mourir, très vieux, d’une mort gentille et pépère. Et mieux encore, si j’avais ma figure intacte, je me serais même passé de crever, quand bien même que ça serait d’une mort douce que j’aurais à crever. Pas pour de beaux discours, non, que je donnerai ma vie, moi. Jamais.

Enfin, je dirai volontiers aux gens, dans la rue, dans les cafés, dans les lieux de travail, partout, partout où je les trouverai, tout le mal que pareilles saloperies peuvent faire à une caboche, et puis à une oreille aussi, et quand même ils en sortiraient vivants, si ça leur arrivait, toute leur vie en serait anéantie. C’est décidé. Si seulement je n’avais peur qu’on me prenne pour un fou. C’est courant qu’on prenne pour des fous des individus que la déraison du siècle dérange. Pour leur clouer le bec, on les pointe d’abord du doigt, ensuite on les affuble de jolis noms savamment piochés dans le dictionnaire des maladies psychiatriques puis hop un coup de pied au cul, et les voilà mis sur la touche, seuls, en marge de la société. Il est naturel que, mis dans de telles conditions, ces pas-si-maboul-que-ça, finissent par se convaincre de la démence qu’on leur avait imposée, et comble du cynisme, ce n’est qu’à ce moment-là qu’on les ressort, baveux et hirsutes, pour montrer à la galerie qu’on ne s’était pas trompé à leur sujet. Voilà pourquoi il ne faut jamais dire des vérités comme j’en connais moi qu’à soi-même. C’est déjà une petite folie que de se parler tout le temps, pas vrai ??

Mais, demain, j’irai le retrouver, ce type, à la même heure et au même endroit. Il serait peut-être encore une fois là à attendre qu’on vienne le chercher. Je lui parlerai s’il le faudra. Parce que j’ai idée, moi, de ce qu’il y a dedans sa tête. Des choses sordides, dégueulasses et inavouables.
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime06/03/10, 03:03 pm

ahhhhhhhhh j'adore l'écorché vif 85915

crève-coeur la suite l'écorché vif 103908 l'écorché vif 103908 et l'auteur; who is that??

merciii d'avoir partagé... l'écorché vif Herz
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amel
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime06/03/10, 11:07 pm

Citation :
(...) se faire méchamment zigouiller (...) Aussi, quand elle est supportable, leur peine, préfèrent-ils la ravaler ou alors, pour les plus endurcis, faire bon ménage avec, dans l’intimité sûre et doucereuse du lit. (...)quand même comme appellation, pour un petit bobo comme j’en avais eu moi. Je lui préfère le titre de réformé, et pas de guerre, de guéguerre seulement. (...) qu’on lui ait bousillé l’oreille et la gueule. (...)Pourquoi ? Bah parce que, aussi longtemps que je vivrai, ça me fera nourrir ce truc-là, (...) je croyais que j’étais devenu moche mais finalement je ne l’étais pas devenu plus que je ne l’avais été avant. Une tête complètement cramée avec sur la tempe un moignon d’oreille, voilà ce qui restait de mon innocente frimousse sous l’emballage de gaze ioduré.(...) , donc je laisse cette besogne aux autre de me voir (...)
(...)C’est sans doute aussi à ce bobo que je tiens ma manie obsessionnelle de dévisager les noctambules pour qu’ils me murmurent leurs histoires dans les nuits confidentes d’Alger.
Je leur fais subir le même supplice qu’ils m’auraient réservé s’ils m’avaient croisée le jour.

g bcp aimé les phrases en vert, et les phrases en rouge m'ont bcp fait rire c'est un début qui donne envie de lire la suite
Citation :
(...). Je en ai suivi les trottoirs cabossés et crasseux à la recherche de ma petite historiette physionomique jusqu’au rond point P dans lequel la rue se déverse impudiquement. Il est impressionnant ce coin là, c’est comme une clairière dans une jungle de bâtiments, c’est vaste et c’est vide, même la rumeur de la mer s’y déverse, langoureusement, dans le silence placide de la nuit. Le rond point est agrémenté d’un superbe jet d’eau transpercé de mille jeux de lumière, et le vent aussi léger soit-il, charge toujours l’air d’embruns qu’il subtilise au crachat cadencé de cet Etna urbain.

, (...)cette contraction nerveuse, et des rides partout, sur le front et les tempes et les joues. Elle était drôle à voir sa tête. Quand ça tiquait, ça lui donnait les traits d’un vieillard puis quand ça ne tiquait pas, il reprenait son âge. . (...)

l'écorché vif 513556 t'as vraiment un style à toi et des mots trés bien choisis qui donnent une pointe d'humour et d'un autre coté de belles phrases pr nous accrocher j'ai adoré te lire et j'aimerai beaucoup lire la suite!
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime07/03/10, 01:11 am

Bon je vais tenter la critique (sur aucune base car j'ai aucune légitimité mais vraiment
aucune, mais vive la liberté de poster
l'écorché vif Icon_razz )



Dès le début tu (et oui je tutoie car le récit te rapproche au lecteur), donc tu annonces la
couleur, une image phallique, c'est bien pour PLANTER le décor !!?? Les
habitués de lecture bien-pensante et si j'ose dire bien parlante cassez vous !
(je suis resté au stade Martine et Lucky Luke
l'écorché vif Icon_rolleyes des lectures sainte-nitouche
quoi). C’est le premier tabou sociétal abordés le SEXE (et oui c’est tellement tabou dans le texte que rien qu’une innocente image anatomique je la ressens comme une transgression est-ce de l'idiosyncrasie ou c'est le cas de tout le monde ??).


Mais avec le titre un mec écorché-vif n’allait pas parler
comme le fils de la baronne machin chose.



J’ai beaucoup aimé le passage qui parle des raisons qui poussent les gens ayant un foyer à s’aventurer dans les rues, le soir, « …Seule une peine, grosse comme ça, peut faire
sortir les gens ordinaires, la nuit, de chez eux, au risque de se faire
méchamment zigouiller bien entendu au détour d’une ruelle mal éclairée, mais
quand on a le cœur gros on prend pas les manières d’une salope non plus. »

(Il se fait tard j’abrège mes bêtises)

Les deux autres tabous : la nation et son histoire, et bien sûre la religion.

Le muezzin gueulard passe (qui ne l’a pas pensé dans un moment d’égarement où le diable lui chuchotait ces vilaines idées à l’oreille, avant de se réveiller et bien se nettoyer les oreilles pendant son ablution) mais la façon qu’à le personnage (anonyme ?? un nom à mettre sur se visage défiguré ? ) de comparer martyr H aux barbus est pour moi de loin la partie la plus … je
trouve pas de mot, c’est le passage qui m’a le plus laissons dire titiller, c’était
le but ?!!
je revois déjà les débats à la TV sur les terros des uns les héros de autres.
un récit comme ça me fait réfléchir sur notre société si la nation été plus sacraliser que le religion, pour moi c'est en voie de l'être c'est dernier temps, l'épisode avec l'Egypte en est un symptôme (à méditer peut être).


j’ai d’autres conneries en réserve mais j’attends la suite !!

Merci de partager, car c'est vraiment une démarche de partager et c'est prendre le risque de tomber sur des commentaires avec ni queue ni tête l'écorché vif Icon_redface .
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime07/03/10, 02:59 pm

Citation :
le destin m’a tristement privé. Mais sa tête à lui ne filtrait rien.
C’est comme si elle ne s’emboitait pas tout à fait sur mon visage
pourtant complètement poli après mon malheureux accident. J’ai beau la
tourner, la retourner, rien, elle tenait à les garder ses secrets
intacts et coute que coute
j'aime bien.
Citation :
Je n’ai jamais eu de grandes convictions politiques, ni religieuses, ma
modeste condition ne me permettait pas ce genre de coquetterie de
l’esprit, mais il ne m’en a pas fallu beaucoup pour comprendre qu’il
fallait juste cracher sans distinction sur l’une et sur l’autre,
entremêlées. C’est bien normal, quand on a été embrigadé, de force, par
des politiques, puis écorché à vif par des religieux.
Citation :
et le paradis je connais mille autres chemins pour y parvenir que celui
qui vous y mène via la gueule d’un canon. C’est le chemin qui vous y
conduit dare-dare, certes, mais, j’ai tout mon temps, moi, je ne suis
pas pressé et je préfère mourir, très vieux, d’une mort gentille et
pépère. Et mieux encore, si j’avais ma figure intacte, je me serais
même passé de crever, quand bien même que ça serait d’une mort douce
que j’aurais à crever. Pas pour de beaux discours, non, que je donnerai
ma vie, moi. Jamais.
mdr
Citation :
C’est décidé. Si seulement je n’avais peur qu’on me prenne pour un fou.
C’est courant qu’on prenne pour des fous des individus que la déraison
du siècle dérange. Pour leur clouer le bec, on les pointe d’abord du
doigt, ensuite on les affuble de jolis noms savamment piochés dans le
dictionnaire des maladies psychiatriques puis hop un coup de pied au
cul, et les voilà mis sur la touche, seuls, en marge de la société. Il
est naturel que, mis dans de telles conditions, ces
pas-si-maboul-que-ça
, finissent par se convaincre de la démence qu’on
leur avait imposée, et comble du cynisme, ce n’est qu’à ce moment-là
qu’on les ressort, baveux et hirsutes, pour montrer à la galerie qu’on
ne s’était pas trompé à leur sujet.
Voilà pourquoi il ne faut jamais
dire des vérités comme j’en connais moi qu’à soi-même.
ils passent au diable

Citation :
C’est déjà une petite folie que de se parler tout le temps, pas vrai ??
pas pour moi, non plus ! mais ça fait du bien de leur faire peur un peu, n'est ce pas !

*la suite, j'espère qu'il y aura une suite !
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime07/03/10, 09:12 pm

je vous remercie pour l'intérêt que vous portez à ce que j'écris, quant à critique Nabool je la trouve pertinente à plus d'un égard.



Pas de chance. Je n’ai pas été à mon rendez-vous à cause qu’il n’a pas arrêté de pleuvoir toute la nuit. Il pleut encore des torrents. C’est comme un enfant à qui on aurait fait des tonnes de misères, Alger, et qui se serait, par fierté, toute sa vie retenu de pleurer. Il suffit juste qu’il s’y mette pour qu’on puisse plus l’arrêter. C’est pareil. Et même que c’est triste et moche à voir. C’est tout comme un môme, pas vrai ?

Quand Alger prend, 3 ou 4 fois l’an, le temps de laver sa bidoche bitumée, fort poussiéreuse et dégueulasse à souhait, ça lui fait des boues et des flaques partout, et il en ressort, toujours, encore plus encrassé qu’il ne l’était de ses douches météorologiques, espacées et ponctuelles. Enfin, Pas très terrible comme résultat. Généralement, moi, pendant ce temps-là, pour tromper mon ennui, je m’amuse à changer le décor de ma chambre, en déplaçant le guéridon, à gauche et à droite, pour trouver l’endroit exact où ce machin en bois, bien roide, fait le moins obscène possible. Rien à faire, où que je le mettais il avait toujours cet air phalloïde très suggestif. Heureusement que je ne reçois personne, mais je ne pense pas que ça me mettrais dans l’embarras, une chose comme ça, même devant des gens prudes et sérieux. Les gens prudes, ça a des discours d’un saint mais les envies d’un partousard. Voilà pourquoi ils cherchent à nous castrer tous, surement à cause qu’ils croient que tout le monde a les mêmes envies qu’eux. Ils ont peur pour leurs femmes, forcément. Il vaut mieux traiter le mal à la source qu’ils doivent se dire.

J’aimerai bien savoir si le mec de l’abribus a été, lui, au rendez-vous que je lui ai fixé. On a été peut-être ensemble au lycée, au temps où j’étais encore bien portant, ou alors dans le même régiment juste avant qu’on me pète la gueule. Je ne sais pas, moi, où j’ai bien pu le rencontrer. Peut-être qu’il a horreur de la pluie, comme moi, et qu’il a préféré, lui aussi, rester cloitrer à la maison à se morfondre jusqu’à ce qu’il s’arrête de pleuvoir. Dans quel cas, il ne m’en voudra pas de lui avoir fait faux bond. Mais, je m’en fous, parce que je suis sûr que c’est un pauvre type, pas honnête et très vicieux, enfin, un homme qui ne mérite pas de grands égards de ma part, Pas assez pour que je lui pose pas un lapin. Autrement, pourquoi sa tête ne m’a-t-elle rien avouée ? Et si c’était un ancien barbu qui aurait gâché la vie a des centaines de jeunes gens comme moi, et qui se serait par la suite repenti ? Hein ? Qui sait ? Ce n’est pas exclu…
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime07/03/10, 10:43 pm

C'est amusant de voir la transition entre ses pensées, il n'y a rien qui puisse l'interrompre, c'est tellement continu que ça frôle parfois le délire ^^

merci de partager ^^
Citation :

(je suis resté au stade Martine et Lucky Luke des lectures sainte-nitouche quoi).

lol moi je me suis arrêtée au stade "Selma va à l'école" !

Spoiler:
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime08/03/10, 07:30 pm

Voilà. Cette pensée que le zigoto dont je vous ai parlé était peut-être un méchant barbu m’a hanté pendant tout mon sommeil, et bien plus tard, lorsque je me suis réveillé. Et c’est en barbu, bien sûr, qu’il est venu me rendre visite en rêve, parce qu’avec sa tête rigolote, il faut le reconnaitre, me faire cauchemarder, ça n’aurait pas été une mince à faire. Je lui aurais même ri au nez, moi, pendant qu’il se serait répandu en grimaces s’il n’avait pas pris le soin de laisser pousser une barbe. Et peut-être même que c’est moi qui lui aurais fait peur avec ma face de cochon. Toujours est-il que pour avoir le cœur net une fois pour toute il me fallait aller le retrouver là où je l’avais croisé avant-hier.

J’aurais pris le même chemin que l’autre jour, si je ne m’étais pas aperçu que mon épicier était aux aguets devant sa boutique. Je lui dois de l’argent, beaucoup d’argent, et je suis sûr qu’il était là à faire le pied de grue juste pour que je lui file la somme due. Seulement, je n’avais pas de flouze, moi, quand la pomme de terre se vend à 100 DA le kilo, même un très cossu aurait bien des difficultés à joindre les deux bouts. Alors j’ai préféré faire le détour pour éviter d’être harponné par ce brave homme, qui lors de cette veillée comptable, était bien décidé à me faire payer ma dette. C’est fou ce que la misère peut rendre les gens malhonnêtes. Pas plus que ceux qui en ont du pognon, ceux-là aussi sont malhonnêtes à leur façon et à plus grande échelle, mais il ne faut pas croire non plus à la fable qui veut que les petites gens soient probes et corrects, s’ils le sont c’est souvent parce qu’ils n’ont jamais eu l’occase d’escroquer les autres. Sans doute qu’il faut être bien placé, cravaté et tout, pour pouvoir le faire aussi. Miséreux ou pas, on est homme avant tout, et l’homme est loup pour l’homme. Voilà, c’est dit.

Je suis allé, donc, par la rue Debussy, qui est légèrement pentue et qui débouche, tant bien que mal, sur l’avenue Didouche, la parallèle de la fameuse rue Hassiba. Didouche, Mourad de son prénom, lui aussi était un combattant durant la guerre d’Algérie, et un valeureux qu’on dit à son sujet d’autant plus qu’il y a laissé la vie. Valeureux c’est vite dit, parce que j’ai idée, moi, de ce qu’il a du se dire, le Didouche, juste avant de succomber. "Ah pourquoi donc je me suis mis dans une telle galère !! J’étais bien tranquille dans mon gourbi pourtant !! Ah je ne savais pas que c’était si tragique la guerre que j’y crèverais comme un rat !! Si c’était à refaire, promis que je ne le referais pas !!". Didouche ou pas, poltron, on l’est tous face à la mort, il n’y a pas à dire. Je sais, moi, ce qui pousse ces gens qu’on dit valeureux à aller se faire fichtrement écorcher comme ça. C’est le rêve de gloire. C’est légitime après tout qu’on rêve de gloire, mais allez leur dire qu’ils en crèveront tous, de leur rêve, et puis que, pour toute gloire, c’est six pieds sous terre qu’ils nous entendront, chaque 1er novembre, entonner, enjoué et bien vivants, des achanids à leur mémoire et on verra combien il en restera de valeureux sur le million et demi. Zéro. Je vous le dis, moi. On dit que la révolution, il y’en a ceux qui la font et ceux qui en profitent, c’est juste, mais on oublie de préciser que c’est pour les mêmes raisons qui poussent les seconds à ne pas la faire que les premier la font. Ce n’est pas sérieux tout ça, allez !

Je suis arrivé au boulevard de l’indépendance, en arpentant des rues et des rues. Sous l’abribus il n’y avait personne. J’ai attendu des heures entières pour qu’il vienne. Mais, non, il n’est pas venu. C’était prévisible. Quand on a des choses à se reprocher il est naturel qu’on se débine pour ne pas avoir à rendre des comptes à ceux à qui on a fait du tort. Dès lors, j’étais convaincu de sa culpabilité, il m’évite parce que c’est lui qui m’avait bousillé le visage, sinon, il n’y a pas de raison pour qu’il ne revienne pas à ce coin-là, d’autant plus que je lui ai fixé rendez-vous........ dans ma tête. C’était lui, c’est certain, c’était lui, c’était lui, non, c’est lui, c’est lui, c’est lui, c’est lui, c’est lui .......


Dernière édition par Le crève-cœur le 08/03/10, 07:39 pm, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime08/03/10, 07:38 pm

Citation :
je vous remercie pour l'intérêt que vous portez à ce que j'écris, quant à critique Nabool je la trouve pertinente à plus d'un égard.

alors je suis l'écorché vif Icon_eek et un peu l'écorché vif 918905

ça sent l'vécu, l'éxperience, la maturité pour cela j'auré jurer que l'auteur aurait plus de 40ans, non pas que c'est lourd ou vieux mais un bon styl à la yasmina khadra..

Spoiler:

encore merci et toujours dans l'attente d'une suite l'écorché vif Icon_geek
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime09/03/10, 05:17 pm

non, merci à toi misou et à tous ceux qui prennent la peine de me lire.
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime10/03/10, 12:44 am

je ne suis pas du tout un leteur de nouvelles seulement de livre scientifiques mais la j'ai été scotché et par le style et par le contenu merci I love you
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime10/03/10, 03:54 pm

une grande maturité dans la réfléxion, belle plume, un pisssimisme palpable, une révolte trash sans pour cela nous déranger outre mesure, au contraire peut etre qu'on aurait dit la meme chose si on était moins hypocrites;
une belle suite dans les idées avec un cheminement subtile, une lecture qui nous fait du bien, une remise en cause des choses qui nous avaient l'air sacrées que tu oses et qui met une touche d'originalité et ta faculté incroyable à te mettre dans le personnage
je t'encourage ..c'est pour quand ton livre? je veux l'acheter coute que coute!

Spoiler:
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime10/03/10, 06:58 pm

merci kelthuzad, j'espère que ma nouvelle va te pousser à lire des choses plus littéraires que celles que tu as l'habitude de parcourir.

quant à toi Amel, c'est vraiment trop d'honneur pour moi, je te remercie pour toutes les belles choses que t'as dite à mon sujet. Je n'ai jamais songé à l'édition d'autant plus que c'est ma première expérience prosaique, peut-être qu'avec 3 ou 4 nouvelles comme celle-ci je pourrai tenter l'aventure éditoriale. et remercie ta maman de ma part aussi lol.



Il ne fait plus aucun doute. C’est lui. C’est lui qui m’a méchamment brouillé la figure. C’était dans une embuscade, fin septembre 199 ; alors que notre convoi regagnait la caserne après une opération de ratissage. Ne vous laissez surtout pas impressionner par ces locutions grandiloquentes dénotant la bravoure et l’héroïsme, opération de ratissage, mon œil ! Parce qu’à parler franc, on ne ratissait que dalle, on faisait seulement semblant, et on restait gentiment groupé autour du campement, en se relayant pour monter la garde, jusqu’à ce que le haut commandement décide de mettre fin à cette ridicule pantomime chevaleresque. Ça nous prenait d’habitude 10 jours. On n’agissait pas de notre propre chef, bien évidement, c’est le lieutenant qui tenait absolument à ce qu’on se fasse le plus discret possible, pour des raisons évidentes de survie. C’était un brave, lui, il faut le dire, il avait peur pour sa peau, et partant, pour la notre aussi. C’est la seule bravoure que je connaisse, moi, réussir à extirper sa chair bien sauve de ce merdier, peu importe la manière par la quelle on y parvient, ça pouvait être en fracassant la gueule de tous les barbus dont le maquis grouillait, bien sûr, mais la sienne de manière était pas mal aussi, et bien plus commode encore, il faut le reconnaitre, d’autant plus qu’elle présentait zéro risque et ne demandait pas beaucoup d’efforts. Mon lieutenant, c’était un régulier et il n’était pas très autoritaire, ou pas assez pour qu’il se fasse respecté par ses subalternes, conscrits et engagés. On le raillait à cause de son énorme popotin bien graisseux qui lui bouffait à tout bout de champs le caleçon et, parfois même le pantalon, pourtant fait avec un tissu extrêmement rêche, enfin pas très comestible. Pas facile aussi de marquer son autorité quand on a sur le dos cet ogre anatomique aux étranges appétits, c’est-à-dire textiles et vestimentaires. Toujours est-il qu’il avait tout compris, mon lieutenant, et quand il m’arrivait de le lui dire, il me questionnait du tac au tac, espérant une ribambelle d’aveux reconnaissants et gentils, comme celui que je venais de lui faire, et mon postérieur alors, c’est vrai qu’il est grand ? Je répondais toujours par bah ! oui, mon lieutenant !

C’était près de Medea, à 100 km au sud d’Alger, que j’ai fait mon service militaire. Un petit coin perdu au bout de la misère, qui portait bien son nom d’ailleurs, Kherbet essyouf que ça s’appelait (bordel-de-glaives). J’ai jamais aimé ce village, moi, ni ceux qui y habitaient, peut-être que c’est à cause que je lui rattache de mauvais souvenirs, mais même avant, quand j’y étais ça me plaisait pas du tout. En fait d’habitations, il y avait en tout et pour tout 5 ou 6 maisons éparpillées, comme ça, au pied d’une montagne qui se dressait d’un seul coup, abruptement. Quant aux habitants, ils étaient tellement pauvres qu’ils en étaient devenus tout aigris. Ils en voulaient au monde entier, ça se voyait dans leurs yeux, et ils nous tenaient tous pour responsables de la misère dans laquelle ils croupissaient piteusement. Aussi étaient-ils très pieux, et très amis avec leurs voisins qui peuplaient la montagne. Moi, pour tout vous dire, je n’ai jamais eu de compassion pour ces gens-là, s’il fallait pleurer sur un sort c’est sur le mien d’abord que je l’aurais fait. Sauf que je ne pleurniche pas sur le mien de sort, moi, et encore moins sur celui des autres. La pitié, je trouve ça dégueulasse. C’est pour se convaincre de leur bonté que les hommes s’efforcent, à l’occase, une ou deux fois l’an, à chercher, obstinément, dans la botte d’ordure dont est fait leur être cette aiguille sentimentale qu’est la pitié. Une fois trouvée, ça les absous complètement, du moins le croient-il, et les voilà alors rassurés et prêts à redevenir encore plus vaches qu'ils ne l’étaient avant.


Dernière édition par Le crève-cœur le 11/03/10, 09:18 pm, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime10/03/10, 08:00 pm

Chapeau pour le style et le contenu (bien que je ne partage pas un bon nombre de tes convictions) mais je trouve ça très réussi et j'attends la suite

Merci de l'avoir partager
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime10/03/10, 09:38 pm

j'aime bien Smile je ne suis pas critique littéraire mais je lis à mes heures et je trouve ton style pas mal meme meilleur que certains 'best seller'

Spoiler:

alors ce serait bien de te lancer dans cette voie Smile comme l'a dit Amel

de plus tu traites de sujets 'sensibles' avec une sorte d'ironie limite comique avec une telle aisance ...franchement chapeau !!



merci d'avoir partagé Smile
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime11/03/10, 05:49 pm

Citation :
La pitié, je trouve ça dégueulasse. C’est pour se convaincre de leur bonté que les hommes s’efforcent à chercher, obstinément, dans la botte d’ordures dont est fait leur être, cette aiguille sentimentale, une fois trouvée, ça les absous complètement, et ils croient alors que ça leur donne le droit de continuer à être vache. On s’en sert pour se donner bonne conscience voilà tout.

sublime,
te lire me plonge dans une atmosphère étrange, mélancolique et triste, mais surtout ça me rend très pensive, ce qui est drôle c'est ko fil des phrases, on a l'impression d'avoir déjà lu ça,on y reconnais le style des grands c comme un médelé, yassmina khadra, du kateb yacine, ché po, la partie guerre é barbu me fait songé a un vieux livre ke jé lu de leila asslaoui('les jumeaux de la nuit )peut être ke c né po dutt ton registre mais moi c ce ke ça m'inspire en ts cas, et me rassure en kelk sorte lol.
un txt extrêmement profond, rien n'est pris a la légère, les lieux les expressions, la description les ti détails , malgré cette posture du personnage pessimiste et retiré de la société, on finit par s'identifier kelk part o personnage ... je m'attends a la fin, ça promet, belle plume, excellente maitrise... j'espère sincèrement trouver tes livres en me baladant dans une bibliothèque un jour ...nchallah^^


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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime11/03/10, 07:28 pm

Content que vous ayez pris du plaisir à me lire. Je ne sais pas si en parlant de convictions tu fais plutôt allusions aux miennes ou bien à celles du personnage, Alchimiste ?

@ Choupinette, tout homme qui sait lire, peut être un critique. En quoi consite leur boulot si ce n'est de dire si ça leur plait ou pas? M'enfin, c’est vrai que les succès éditoriaux ne font pas la valeur littéraire d’un texte, et vice-versa.

@ Lana340, excepté Kateb que j’aime bien, les autres ne me parlent pas trop, surtout Khadra dont j’ai lu plusieurs œuvres qui n'étaient pas terribles. Enfin, ça reste mon avis.

Merci pour tous vos commentaires affables. Merci à tous d’avoir pris la peine de me lire.
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime12/03/10, 04:00 pm

Le crève-cœur a écrit:
Content que vous ayez pris du plaisir à me lire. Je ne sais pas si en parlant de convictions tu fais plutôt allusions aux miennes ou bien à celles du personnage, Alchimiste ?

@ Choupinette, tout homme qui sait lire, peut être un critique. En quoi consite leur boulot si ce n'est de dire si ça leur plait ou pas? M'enfin, c’est vrai que les succès éditoriaux ne font pas la valeur littéraire d’un texte, et vice-versa.

@ Lana340, excepté Kateb que j’aime bien, les autres ne me parlent pas trop, surtout Khadra dont j’ai lu plusieurs œuvres qui n'étaient pas terribles. Enfin, ça reste mon avis.

Merci pour tous vos commentaires affables. Merci à tous d’avoir pris la peine de me lire.

Je dirais les deux car le personnage véhicule certaines de tes convictions (mais ce n'est pas le sujet)

et encore une fois chapeau
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime12/03/10, 06:43 pm

La pitié, je trouve ça dégueulasse. C’est pour se convaincre de leur bonté que les hommes s’efforcent, à l’occase, une ou deux fois l’an, à chercher, obstinément, dans la botte d’ordure dont est fait leur être cette aiguille sentimentale qu’est la pitié. Une fois trouvée, ça les absous complètement, du moins le croient-il, et les voilà alors rassurés et prêts à devenir encore plus vaches qu’ils ne l’étaient avant. C’est ça l’homme en vérité, un tas d’ordures doué d’une si grande mauvaise foi qu’il n’est même pas foutu de s’assumer sous sa vraie couleur. Hypocrite, va ! Et basta !

**************

Je me suis réveillé en sursaut, au petit matin. Je l’ai revu dans mon sommeil. Il était là, à m’attendre. Je me suis vite habillé, et je suis sorti pour aller à sa rencontre. Il ne fallait sous aucun prétexte le rater, on avait des choses à se dire, nous deux. C’était l’occasion pour s’expliquer. Un bond, et me voilà dans la rue. C’était tellement grandiose le spectacle qu’offrait le ciel à cette heure-ci, que j’en fus tout éblouis. Du gris, tout autour, sur les bords de l’horizon qui, à mesure qu’on allait vers le nadir, se débarbouillait en bleu, et serti en un point, à l’est, d’un bouton de soleil, pourpre et vif, comme un rubis sur une bague en argent noirci. Puis ça s’élevait et ça gonflait, comme ça, à vue d’œil, ce bouton rougeâtre, et ça crachait comme un tuberculeux, des flammèches de lumières, ténues, un peu plus grosses, puis tout à fait drues, qui ensanglantait tragiquement le tissu sidéral dont le ciel s’était drapé. Pittoresque ! Extraordinaire ! Sublime! Jamais je n’aurais cru que ciel et soleil, d’habitude si moches, étaient capables, en mêlant leurs couleurs, de telles magnificences. C’est surement aussi à cause de fééries comme celle que je venais de voir qu’on dit que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Et le ciel m’a appartenu le temps de ma petite traite algéroise, qui allait de la rue Hassiba au boulevard de l’indépendance. J’aurais volontiers allongé ce court moment magique, mais les belles choses ne durent pas et c’est peut-être pour ça qu’elles sont belles. Enfin, ce n’est pas toujours qu’on possède le ciel, même pour quelques petites secondes hein ?

Arrivé sur place, je l’ai trouvé, coi et impassible sous cet abribus fait en alu et tout vitré de glaces fumées. Le boulevard était désert. J’ai attendu un moment pour qu’il me parle. Rien. Pas un mot. J’ai compris que l’heure n’était pas à la repentance ni à la réconciliation. D’une main preste, j’ai empoigné le couteau que j’avais, à toute fin utile, glissé sous mon manteau. Un coup de poignard en plein poitrine, puis un autre et un autre encore. Je l’ai vu s’abattre sous mes yeux. Je l’enfourche, et d’une autre série de coup de couteau, rageur et revanchard, je lui crible encore sa poitrine déjà très ensanglantée. Je lève la tête, pour détourner mon regard de cette viande totalement saignante, et je vois en face de moi, sur la vitre fumée, un visage, pas très commun, complètement cramé, horrible et laid à l’extrême. Ma tête. Je sens une colère, nouvelle, énorme, m’envahir. Je lève haut ma main pour lui planter mon couteau dans la gueule. Et toc. Mon arme bute sur une surface dure. Je baisse la tête. Ma main serre nerveusement un couteau qu’elle peine à enfoncer dans le sol. Personne n’est au-dessous de moi. Je suis à quatre pattes, à me débattre seul, sous cet abribus. C’est là que j’ai compris, et ce n’est que là que tout a commencé.


merci à tous.
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime12/03/10, 11:14 pm

comment oserai-je apporter un commentaire?
juste une prière: pousse la porte, le monde a besoin de ta lumière.
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime18/03/10, 04:38 pm

je te remercie pour ton mot gentil dalay.


On m’a mis dans un asile psychiatrique alors, parce que pris de panique j’ai informé maman de ce qui m’était arrivé, l’autre jour, dans la rue. Quelque dur qu’on veuille avoir l’air, on porte toujours au-dedans de soi le môme fragile et vulnérable qu’on a été et qui accourt vite voir sa mère dès qu’il a un peu trop mal. C’est comme une tête artichaut dont on aurait ôté toutes les feuilles, un homme qui a mal, c’est tendre, c’est nu et c’est sans défense. Tout comme.

Elle a beaucoup pleuré maman lorsqu’elle a appris que je suis devenu fou, plus qu’elle ne l’avait fait le jour où elle avait vu la gueule que j’ai héritée à la suite de ma mésaventure militaire, pour la première fois. Ça pleure pour un oui pour un non, en même temps, une maman, et je me suis souvent demandé si ça n’en rajoute pas un peu, juste comme ça, pour se prouver à elle-même, par le biais de ce supplément lacrymal, qu’en termes d’attention et de dévouement, c’en est une bonne. La meilleure. Elle m’a aussi engueulé de fort belle manière pour ne l’avoir jamais écouté et pour tant d’autres bêtises dont je me suis rendu coupable à cause justement que je me refusais à commettre celles dont je me serais rendu coupable si je l’avais écouté. Bêtise pour bêtise, autant faire celle qu’on a choisi pour soi. Et puis je sais que ça a un type d’homme dans la tête, une femme, et que ça pousse coute que coute son enfant à lui ressembler. Méfiez-vous de cet homme-là, car c’est celui qui aurait fait à coup sûr votre papa cocu, s’il existait. Fantasmes. Ah c’est dégueulasse !

Toujours est-il qu’on a décidé de m’emmener dare-dare voir un psychiatre pour élucider mon cas. Chose à la quelle j’ai acquiescé sans trop protester, car naturellement, j’avais peur de le revoir, l'autre type. Le docteur chez qui j’ai été consulter m’a posé un tas de questions, aussi différentes les unes que les autres, il passait du coq à l’âne, comme ça, sans façon, de "comment t’appelles-tu ?" à "combien de fois te masturbes-tu par semaine ?", que bien des fois je me suis demandé s’il n’était pas fou lui aussi. Il notait chacune de mes réponses sur une feuille quadrillée avec toujours un hochement de tête accompagné d’un mmm qu’il faisait long ou bref, c’était selon que ma réponse allait ou non dans le sens de la petite folie dont il s’était déjà fait l’idée à ma vue. Enfin, je suppose. Au terme de son questionnaire, discourtois et indiscret, il a dû conclure que j’ai complètement péter les plombs et qu’il fallait m’interner au plus vite. Pourtant j’ai bien répondu, moi, sans mentir une seule fois, à toutes ses questions, même aux plus cochonnes, mais, sans doute qu’il ne suffisait pas de dire vrai pour échapper au diagnostic démentiel. La franchise, ce n’est pas toujours que ça paye. Ils ont convenu alors, maman et le toubib, de me mettre en observation pendant trois mois, pour voir comment que ça évoluerait un bobo mental comme celui que je portais désormais dedans ma tête.
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime19/03/10, 04:38 pm

waw, de la fragilité et de la tendresse.
encore bravo
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MessageSujet: Re: l'écorché vif   l'écorché vif Icon_minitime23/03/10, 07:28 pm

encore merci dalay je peux me targuer désormais d'avoir au moins une lectrice fidèle.

Le jour de mon internement, maman a tenu à m’accompagner à l’hôpital. Elle était toute tristounette, maman, et pendant tout le trajet elle l’avait bien pris sa figure de circonstance. Une moue que je ne lui connaissais pas, une neuve qui seyait merveilleusement à la situation.
C’était trop de malheur pour elle évidement que de voir son fils unique se faire péter la gueule et en devenir fou juste après. Mais je ne sais pas si j’aurais ressenti la même chose à sa place, en tout cas moi, elle ne me chagrinait pas plus que ça mon infortune supplémentaire.

A la recherche de mon hôpital ! On s’est laissé poussé, donc, silencieux et désemparés, par une foule nombreuse qui allait à hue et à dia se déverser sottement dans le creuset urbain des habitudes journalières. Ah ce qu’il était drôle tout ce beau monde à voir. Je les regardais ces gens qui se démenaient énergiquement et me disais alors qu’ils devaient forcément tous se croire malins, n’ayant pour se jauger, en fait d’intelligence, autre cerveau que le leur. "Ah il n’y a pas un seul qui puisse me la faire !" voilà ce que chacun d’eux devait se dire à part soi. C’était ma nouvelle manière pour déjouer le regard intimidant des autres. Les mépriser en masse pour leur suffisance et leur connerie collective. Jamais de ma vie je ne me suis senti aussi lucide qu’à ce moment-là où les autres justement (à tort ?) me prenaient pour un fou. Le monde à l’envers ! Content alors de ma trouvaille spirituelle, j’ai ébauché un sourire que j’ai vite réprimé pour ne pas renforcer l’idée de ma folie auprès de ma mère. Trop tard, elle m’avait déjà vu, et sa moue s’est encore compliquée de quelques rides au front. Pour aller plus vite, on a pris un bus, puis un autre, tous bondés. C’était comme autant d’arches de Noé, tous ces autocars pleins à craquer, sauvant ainsi les gens de je ne sais quel déluge.


De bus en bus, et de rue en rue, nous sommes parvenus tant bien que mal, moi, maman et sa peine, à trouver cet endroit où l’on s’occupait des psychotiques de guerre dans mon genre. C’était un lieu tranquille, planqué dans un quartier résidentiel aux maisons bien foutues, pas du tout fait pour les miteux, ce coin-là. Ah non ! Si on nous avait prévenus, on se serait convenablement sapé pour l’occase, et même passés chez le coiffeur, pour nous faire beaux.
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