les antalgique pendant la grossesse
Antalgiques non opiacés (palier 1)-
Paracétamol : cet antalgique antipyrétique peut être utilisé à tous
les stades de la grossesse. En effet la littérature rapporte plusieurs
milliers de femmes traitées en début de grossesse sans augmentation du
risque malformatif par rapport à la population générale, et aucune
foetotoxicité n’a été signalée.
-
Noramidopyrine (Avafortan
, Novalgyne
, Salgydal
)
: il s’agit d’un dérivé pyrazolé proche de la phénylbutazone, peu
utilisé de nos jours (risque d’agranulocytose). Les études
expérimentales n’ont pas retrouvé d’effet tératogène chez l’animal,
mais nous ne disposons d’aucune donnée sur le plan malformatif chez la
femme enceinte malgré l’ancienneté du produit. La noramidopyrine a une
activité anti-inflammatoire de faible intensité. Il existe tout de même
un cas publié de surdosage, à 30 SA, avec toxicité fœtale rénale de
type AINS. Pour cette raison, pendant la grossesse et en particulier à
partir du 6ème mois, on préférera utiliser un autre antalgique, quitte
à passer au palier 2 si le paracétamol n’est pas suffisant.
-
Aspirine et anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) :
Les données sur l’exposition en début de grossesse à l’aspirine sont
très nombreuses, sans augmentation du risque malformatif. Quelques
études ont retrouvé une légère augmentation de la fréquence de
certaines malformations très rares comme le laparoschisis (fréquence
dans la population générale = 0,3 à 1 pour 10 000 naissances), mais ces
résultats méritent d’être confirmés.
Peu de données sont disponibles concernant l’exposition en début de
grossesse pour chaque AINS pris individuellement. Cependant,
globalement, cette famille ne soulève pas d’inquiétude sur le plan
malformatif. Les AINS en début de grossesse ont par ailleurs été
associés à un risque accru de fausse couche.
En raison de leur toxicité fœtale cardiaque et rénale, parfois
irréversible voire fatale, l’aspirine à partir de 500 mg/j et tous les
AINS, y compris les inhibiteurs de COX-2, sont contre-indiqués à partir
de 24 semaines d’aménorrhée, c’est-à-dire le début du sixième mois (cf.
Les Nouvelles du CRAT avril 2004).
Un allongement de la durée de la grossesse et du travail ainsi qu’une
augmentation des pertes sanguines maternelles ont également été décrits
avec l’aspirine.
Par contre, utilisée à faibles doses (60 mg/j), l’aspirine n’a pas
d’effet sur les fonctions rénale et cardiaque du fœtus, ni sur les
dopplers ombilicaux ou sur les complications hémorragiques
materno-foetales.
-
Floctafénine (Idarac
) et néfopam (Acupan
) sont à
éviter en raison de l’absence de données mais ne justifient pas
d’inquiétude particulière chez une femme qui en aurait pris en début degrossesse
dextropropoxyphène : il s’agit de l’antalgique de palier 2 de premier
choix chez la femme enceinte. Il peut être utilisé toute la grossesse
moyennant quelques précautions en fin de grossesse. En effet, compte
tenu de ses propriétés morphinomimétiques, il existe un risque de
dépression respiratoire chez le nouveau-né en cas de prise de fortes
doses avant l’accouchement, et un risque de sevrage en cas de prise
prolongée en fin de grossesse. Si on évite les posologies élevées ou
les durées de prise prolongées en fin de grossesse, le
dextropropoxyphène peut être utilisé tout au long de la grossesse.
-
Codéine : cet analgésique antitussif n’est pas
tératogène chez l’animal et plusieurs études ne retrouvent pas
d’augmentation du risque malformatif lors d’expositions en début de
grossesse. Quelques études rétrospectives ont soulevé la possibilité
d’une faible augmentation des malformations cardiaques, non confirmée à
ce jour. Pour la fin de grossesse, les précautions d’utilisation seront
les mêmes que celles du dextropropoxyphène.
-
Tramadol : cet opioïde faible aux propriétés
noradrénergiques et sérotoninergiques n’est pas tératogène chez
l’animal. Aucune donnée sur l’exposition en début de grossesse n’est
publiée, cependant le CRAT dispose d’une petite série d’une trentaine
de grossesses ; aucun élément particulier ne ressort.
3 – Antalgiques opioïdes mixtes (palier 3)- La
buprénorphine (Temgesic
) est utilisée aussi comme traitement de
substitution chez les toxicomanes aux opiacés (Subutex
). Sur plusieurs
centaines de grossesses exposées au premier trimestre dans le cadre
d’une substitution, aucune augmentation des malformations par rapport à
la population générale n’est observée. Toujours dans ce contexte, un
syndrome de sevrage néonatal est possible.
- La
nalbuphine (Nubain
) est à éviter en début de
grossesse en raison de l’absence de données mais ne justifie pas
d’inquiétude particulière chez une femme qui en aurait reçu.
4 – Antalgiques morphiniques (palier 3)- La
morphine est un opiacé pur, utilisé depuis très longtemps et pour
lequel aucune augmentation des malformations par rapport à la
population générale n’a été observée sur plusieurs centaines de
grossesses exposées au premier trimestre. Il s’agit de l’antalgique de
palier 3 de référence chez la femme enceinte. Cependant, comme avec
tous les opiacés, un syndrome de sevrage néonatal est possible en cas
d’utilisation chronique en fin de grossesse ainsi qu’un risque de
détresse respiratoire du nouveau-né en cas d’utilisation au cours du
travail.
- Pour les autres antalgiques morphiniques comme le
fentanyl (Durogesic
, Actiq
), l’hydromorphone (Sophidone
),
l’oxycodone (Oxycontin
) ou la péthidine les données sont peu
nombreuses. Cependant, compte tenu de leur bénéfice thérapeutique
majeur et de leur proximité pharmacologique avec la morphine, ils ne
justifient pas d’inquiétude particulière chez une femme qui en aurait
reçu pendant la grossesse, et peuvent même être utilisés si nécessaire.
Attention toutefois à leur utilisation en fin de grossesse (cf.
morphine) et en particulier pendant le travail.
conclusion :- Palier 1 : le paracétamol peut être utilisé pendant la grossesse quel que soit le terme.
En deuxième intention on pourra proposer un AINS en prise ponctuelle,
mais seulement en début de grossesse (l’aspirine à partir de 500
mg/jour et tous les AINS sont contre-indiqués à partir de 24 semaines
d’aménorrhée).
- Palier 2 (attention fin de grossesse) : le
dextropropoxyphène et la codéine peuvent être utilisés pendant la
grossesse quel que soit le terme. En deuxième intention, on peut avoir
recours au tramadol ou à la buprénorphine.
- Palier 3 (attention fin de grossesse) : la
morphine peut être utilisée quel que soit le terme de la grossesse. Si
besoin, on pourra avoir recours à tous les autres morphiniques.