Nouveau traitement prometteur face au mélanome
Selon un article publié le 26 août 2010 dans la revue ‘New England Journal of Medicine’, l’utilisation d’un traitement expérimental de phase I chez des patients atteints de mélanome, la plupart au stade métastatique, a montré des résultats très intéressants en terme de survie et de décroissance tumorale. L’équipe médicale du Dr Keith Flaherty, auteur et responsable principal de l’étude, a utilisé le PLX4032, un inhibiteur spécifique du BRAF qui est une protéine surexprimée dans environ 50 % des cas de mélanomes. Après de nombreux mois de suivi médical, les médecins ont observé une efficacité dans plus de 80 % des cas de malades atteints de mélanomes associés à la mutation susmentionnée.
Le mélanome est une tumeur cutanée en forte progression ces dernières années et qui reste fortement associée à l’exposition solaire (bien que cette théorie soit partiellement contredite par certains experts. Lorsqu’il est encore au stade précoce, le mélanome cutané peut aisément être enlevé par chirurgie. Cependant, si la tumeur est diagnostiquée à un stade tardif plus évolué, les affaires se corsent puisque l’outillage thérapeutique reste assez limité avec deux traitements majeurs comprenant l’interleukine 2 et la dacarbazine. De plus, ces deux traitements ne montrent qu’une efficacité limitée puisque seuls 10-20 % des patients en bénéficieront. Le pronostic reste donc sombre en cas de métastases avec une survie globale estimée à 9 mois environ !
À l’instar de la mutation spécifique touchant le récepteur membranaire HER2 dans le cancer du sein, les chercheurs américains ont étudié une mutation spécifique de la protéine BRAF (découverte en 2002) rencontrée dans 50 % des mélanomes. Lorsque le gène codant cette protéine est muté, il agit comme un oncogène en facilitant l’émergence de cellules tumorales. L’action principale du nouveau traitement PLX4032 est justement de neutraliser l’action de cet oncogène en freinant la production exagérée de la protéine BRAF et de ce fait, la croissance cellulaire immodérée des cellules cancéreuses.
L’étude publiée ce jour dans la revue du NEJM (Flaherty, Keith et al. Inhibition of mutated, activated BRAF in Metastatic Melanoma. New England Journal of Medicine, 2010 ; 363 : 809-819), reprend les résultats concernant l’action du PLX4032 : dans un groupe de 32 malades porteurs de mélanomes associés à la mutation BRAF ayant reçu deux doses quotidiennes de 960 mg de PLX4032, les médecins ont observé dans 90 % des cas une réduction de la taille tumorale avec un effet inhibiteur direct du médicament sur les lignées malignes.
D’après le Dr Flaherty : « le mélanome métastatique présente un pronostic dévastateur et reste l’une des causes principales de décès chez le jeune patient. L’une des choses qui rend ces résultats si remarquables est que ce médicament fonctionne de façon fiable ; de plus, les patients qui ont présenté des effets secondaires avec des symptômes douloureux ou de la fatigue se rétablissent rapidement dès la première semaine d’administration du traitement ».
Comme pour certains traitements ciblés anti-tumoraux, plusieurs patients ont malheureusement développé une résistance au PLX4032 entraînant une reprise de la croissance tumorale. Actuellement, la suppression tumorale s’est maintenue pendant une durée allant de 3 mois à plus de 2 ans avec une survie sans progression tumorale moyenne estimée à 8 mois. Deux études additionnelles sont en cours pour étudier l’efficacité de l’association de la dacarbazine au PLX4032 et l’utilisation du PLX4032 en cas d’échec des thérapeutiques conventionnelles.
Toujours d’après Flaherty : « jusqu’à présent, nous n’avons jamais eu de réponse thérapeutique crédible face au mélanome métastatique. L’étude actuelle a complètement transformé notre vision du traitement pour les patients porteurs de la mutation BRAF ». À l’instar de ce qui se passe pour d’autres cancers comme le cancer du sein avec l’Herceptine ou la leucémie myéloïde chronique avec le Glivec, espérons que ce nouveau traitement garde ses promesses et autorise une guérison à long terme face au mélanome métastatique au pronostic si sombre.
Docteur Erard de Hemricourt
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