Le Soir d'Algérie d' aujourd'hui
Vox
populi : CONCOURS D’ACCÈS
AU RÉSIDANAT DE PHARMACIE, SESSION OCTOBRE 2009
Trop de bruit pour rien
?Un rêve d’enfance, pour moi et plusieurs de
mes collègues : nous nous sommes assigné comme objectif, dès notre premier jour
à l’université, une post-graduation dans notre filière, la pharmacie, le
carrefour des sciences, cinq ans d’études en plus de la généralité qui nous
permettront de fouler les tapis rouges de la grande vie… Nous y avons donc œuvré
tout l’été, et une bonne partie de la fin de notre 5e et dernière année ;
certains de mes camarades ont même refusé des offres d’emploi intéressantes
durant l’été ; ils se voyaient déjà résidants…
Quatre mois d’acharnement, qui
ont accouché d’un stress digne de la période de préparation du baccalauréat,
nous avons compté les heures une à une avant le jour J. Le mystère était entier
quant à la manière avec laquelle allait se dérouler un concours qui permettra
aux plus assidus d’entre nous de rejoindre la cour des grands ! Pour ma part,
une partie du brouillard du mystère qui entourait cet examen s’est dissipé le
jour de mon inscription ; le fonctionnaire qui était chargé de recevoir mon
dossier de candidature et qui était là au service post-graduation ne savait pas
formuler une bonne phrase en français. J’ai compris, ici déjà, ce à quoi je
devais m’attendre, mais j’ai fermé l’œil et j’ai maudit Satan comme me l’a
toujours recommandé un frère, m’auto- accusant de précipitation vers les
pronostics négatifs. J’étais très déçu, le premier jour du concours ; celui-ci a
été démystifié à tel point que ça avait l’air d’un simple examen de rattrapage.
Oui, oui, je n’exagère pas, un module où l’on m’a donné vingt cours à préparer
et Dieu seul sait quel genre de préparation nécessitent les examens de
pharmacie, et où le concours porte uniquement sur deux cours, avec deux
questions ouvertes à 10 points chacune (une pour chaque cour) et vous me dites
que ça a l’air d’un concours ça ? Est-ce vraiment un système d’évaluation ? Je
connais des gens qui ont fait du pile ou face durant les révisions pour
sélectionner les cours à étudier et qui ont eu la chance de tomber sur ce qu’ils
ont choisi, alors qu’il y en a d’autres qui ont tout bien revu sauf les fameux
cours. Pourquoi ça ? Ils n’ont pas de chance, se sont contentés de me dire ceux
à qui j’ai posé le problème à la faculté ! Jusqu’à quand le paramètre chance
devra-t-il être pris en considération ? Est-ce vraiment de la pédagogie ça ?
Ceux qui ont conçu ces sujets ne s’inquiètent-ils pas de la qualité de leurs
futurs résidants ? Ou ceux qui tiennent les hautes sphères du savoir dans notre
discipline sontils eux aussi atteints de cette «sociopathie» maligne qui tue
tout dans notre pays ; le laisser-aller et la nonchalance ? Outre cela, il n’y
avait rien de professionnel ni même d’adulte dans l’ambiance de ce concours ;
des chargés de modules et des surveillants qui se ruent en criant sur des
«diplômés» qui ont, officiellement, tous bac + 5, pour leur faire respecter
telle ou telle règle du concours (éteindre les téléphones portables, ne laisser
aucun document sur soi, etc. ) ou simplement pour leur faire changer de place.
Les messieurs ont peur qu’on triche, ils ont horreur du copiage comme me l’a
signifié un d’eux, mais Bon Dieu soyons sérieux, je vous assure que j’ai eu
l’impression de retrouver, l’espace de deux jours, ma classe de 9e année
fondamentale ! Des candidats qui revoient leurs cours, pardon, qui méditent sur
leurs cours en se bouchant les oreilles jusqu’à cinq minutes avant l’examen et
qui écrivent tout le cour sur la feuille de réponse, alors que la question ne
portait que sur une partie spécifiée de celui-ci, et ce justement pour ne
risquer de rien rater, et vous me dites qu’il y a un brin de professionnalisme
dans tout cela ? Allons, soyons sérieux ! Et puis la meilleure des meilleures
des meilleures, la cerise sur le gâteau, est que le chargé du module de la
dernière épreuve décide, en plein examen, d’annuler le sujet et de proposer un
autre à la va-vite. Il dit que c’est dans notre intérêt, qu’il aime que les
épreuves soient honnêtes, enfin, la sienne surtout. Que s’est il passé dans les
coulisses ? Y at- il eu une quelconque manipulation, que je n’oserai pas nommer
et que tout bon entendeur comprendra, au moment où nous, les dociles et
nonchalants croyons en l’égalité (non des sexes mais des chances s’il vous
plaît). Nos autres examens passés étaient-ils réellement honnêtes ? Ou serait ce
l’arbre qui cache la forêt ? A Dieu ne plaise bien sûr, je ne l’espère pas du
tout ça ! Pas juste pour moi, mais également et surtout pour mes camarades, les
assidus… Pour moi, je suis devenu, l’espace de deux jours, un cavalier en quête
d’une place au résidanat et du cœur d’une future résidante ! J’espère obtenir au
moins l’un d’eux, sinon vivement ma cigarette !
Aissaph
NB : au
moment où je mets ça sur le propre, on m’apprend que les résultats du concours
ont été affichés, les résultats ont été tellement décevants que je ne trouve pas
les mots qu’il me faut pour m’exprimer. Néanmoins, une chose est claire : les
notes des admis étaient tellement élevées que, vu la nature des sujets, je
propose qu’on les fasse entrer dans le livre des records comme scanners humains
! Et je suis en deuil, la pharmacie est en deuil ; Ses disciplines sont
désormais entre les mains des «par-cœuristes » !
Bsahtkoum.
qu'en pensez vous !